Mon très cher ami, mon très cher Bertrand,
Quoi ? Qu’est-ce que j’apprends par ton dernier mail... C’est « incredible »...
Bon, je me remets peu à peu... et te donne mon avis... Pour en avoir déjà discuté avec toi, tu ne peux pas ne pas te souvenir comme je hais les jeux d'argent et de hasard. C’est vrai quoi, tout cet argent dont une partie devient impôt. Impôt volontaire ! C’est insensé!!
Pour autant (et je ne dois être unique), il m'est arrivé, bien que je ne joue jamais, d'imaginer gagner le gros lot du loto et d'organiser mes dépenses en fonction de ça : une villa de trois cent cinquante mètres carrés, avec un dressing rempli et renouvelé toutes les saisons (chaussures, sac et cosméto compris...), un voyage aux îles Caïman et un séjour d'une semaine en pension complète au Belvédère Hôtel.
Mais mais mais... Aujourd’hui, c’est toi qui triomphes ! Tu en rêvais. La Française des Jeux et ta persévérance l’ont fait !
Je me demande tout de même quels numéros tu as bien pu jouer...
Allez, tiens...J’essaie de deviner...
- le dix qui correspond à... l'écart en centimètres entre ton pouce et ton index quand tu écartes les doigts au maximum ;
- le seize, jour de naissance de ta coloc ;
- le quinze, qui doit être le dixième de ton Q.I;
- le douze, age auquel tu as communié ;
- le trente-sept qui est un nombre premier qui, divisé par lui-même, est égal à l'unité : moi j’aime assez...
- Et enfin le quarante-neuf parce que c’est le plus grand de la grille... Hi hi hi
Comment fut ta réaction ? Intérieure ? Nooooooon ! Moi, je crois que j’aurais exploser.... Waououououououhhhhhhhhhhhh... J’adore les explosions de joie, celles qu’on ne retient pas, bruyantes .
T’es tu caché ?
Bahhhhh non ! Suis bête ! Puisque nous sommes tous au courant de tes gains...
Ou quelqu’un t’a vu hurlé en dedans et t’a dénoncé... Ah ah... Qui cela pourrait-il être ? ...
Enfin, ce n’est pas grave ! Tu es l’heureux vainqueur...
Moi, en pensant à toi, je pense à moi, et je me demande ce que je ferais si j’avais cet argent, que dis-je ? Ces 115 436 126 d’euros !!! Que ferais-je donc ?
Faut-il laisser tomber amoureux, parents, rares vraies amies, famille, coiffeur et chat (à quatre pattes...)?
Ce que c’est dur... Je... je ... Alors...
Mon amoureux ? Il partage ma vie, il n’a pas besoin de partager ma fortune… Il est ma première fortune… et je suis la sienne. Je pense que le plus important pour lui, c’est de vivre avec moi, que je sois pauvre ou riche. Maintenant que je suis riche, je continuerai à vivre avec lui. Le don de moi, c’est ce qui compte le plus pour lui.
Mes parents ? Ils continueront à recevoir la petite rente que je leur verse depuis des années pour rembourser mes études. Je l’augmenterai de dix pour cent. Sinon, ils risqueraient d’avoir des soupçons.
Mes futurs enfants ? Ils hériteront quand je mourrai. Pour l'instant, je les attends... Quand ils seront là, ils devront apprendre à vivre...
Mes amies ? Si j’apprenais qu’elles m’aiment plus encore parce que je suis riche, ce serait une cause de rupture définitive d’amitié… Pas la peine de les inquiéter en leur faisant courir ce risque.
Mes frères? Quand j’étais petite, mon frère aîné n’a jamais voulu que je fasse de sa mobylette... Je ne peux pas oublier la peine profonde qu’il m’a faite. Au nom de cette grande douleur, un blocage psychologique m’interdit de lui faire plaisir… Il serait injuste que, lui n’ayant rien, mon autre frère ait quelque chose !
Mes neveux et nièces ne sont pas responsables des fautes de leurs parents, je peux avec eux faire preuve d’une belle générosité. Mais la situation est complexe. Comment faire avec la nièce-filleule ? Dois-je lui offrir plus, du fait de ce double lien, ou moins, vu qu’elle a toujours été plus gâtée que les autres...
Après mûres réflexions, je préfère respecter le principe d’égalité en ne donnant rien à personne.
Voilà.
Reste à savoir comment je me satisferai moi-même. J’ai le choix entre tout dépenser d’un coup, tout dépenser en cinquante ans, tout placer, tout...
Mais que m’arrive t-il ?
Je suis en train de réfléchir à ta place, et je me rends compte que je n’aimerais pas y être... Vraiment pas non! Non, pas là non...
Alors, sache que l’argent n’achète rien, et que les clefs de mon bonheur, à moi, sont
ailleurs... alors, inutile de te soucier de moi...
Bon courage pour les autres.
Réfléchis bien ; ne fais pas d’erreurs quand tu donneras... Aucune erreur.
C@roline, ta très chère amie pour la vie...